dimanche 27 mai 2007

Après lui, un film de Gael Morel

Affronter, surmonter la mort subite du fils, du frère. La mère, c'est Camille, qui tente de survivre malgré l'horreur de la réalité. Catherine Deneuve est pathétique, bouleversante, inquiétante. Mais hélàs, on s'ennuie vite, très vite, en regardant le film de Gaël Morel. Trop de clichés, trop de "pleurnicheries", trop de "non-dit" : l'univers homo-érotique mais camouflé dans lequel évoluent les protagonistes conduit le spectateur à ne pas s'attacher aux principaux personnages du film et à regarder une succession de faits divers aseptisés.
"Après lui" est un film conventionnel et sans grand intérêt.

samedi 26 mai 2007

"Pour un oui ou pour un non" /N. Sarraute/L. Simaga

Dans la pièce écrite en 1982 par Nathalie Sarraute, "Pour un oui ou pour un non", les mots sont révélateurs de malaise : violents, blessants, déstabilisateurs, vecteurs de sentiments ambigüs.
Une phrase innocente va jeter le trouble sur une relation entre deux amis (H1 et H2) en raison d'une inflexion entre deux mots. Les héros de Sarraute découvrent alors que leur amitié repose sur une incompatibilité fondamentale masquée par une sympathie superficielle. Ils se jettent à corps perdus dans une bataille, là où chacun aurait chassé de son esprit cette impression déplaisante. Et pourtant, H1 & H2 sont universels. Alors pourquoi avoir voulu caser nos héros dans une catégorie socio professionnelle qui n'enlève rien à la force des mots employés par l'auteur mais qui gâche le plaisir des répliques ? De plus, la différence d'âge entre Andrzej Seweryn et Laurent Natrella, n'altère-t-elle pas le sens du conflit ?
N'aurait-il pas été préférable que Léonie Simaga place ces comédiens sur une scène dépouillée de tout artifice pour rendre à l'écriture toute son élégance et son exactitude ?

Actuellement au Studio-Théâtre de la Comédie Française.

vendredi 25 mai 2007

Picasso / Carmen - sol y sombra - musée Picasso, Paris


De la femme idéalisée à la femme/mère à tuer... les dessins et tableaux présentés au cours de cette exposition révèlent l'ambigüité et la complexité auxquelles était confronté Picasso. Il n'hésitera pas à traduire le caractère féminin et celui de la liberté incarné par l'héroïne de Mérimée par des croquis consacrés à la toraumachie, allant même jusqu'à substituer les "toros" par des pénis. La mise à mort était inévitable, elle est la raison d'être de la corrida. Je retiendrai de cette exposition des dessins à la mine de plomb d'une magnifique beauté, comme ce "baiser"...
Au sortir de l'Hôtel Salé, je ne désirais qu'une chose : revoir la Carmen de Mats EK que j'ai vu interpréter par Sylvie Guillem avec le ballet de l'opéra de Lyon, il y a 3 saisons maintenant au théâtre du Châtelet... une autre approche éblouissante de cette héroïne et complémentaire à celle de Picasso (ici, extrait du ballet de Cullberg avec Ana Laguna dans le rôle titre).

mercredi 16 mai 2007

Irina Palm, un film de Sam Garbarski

C'est sur fond de crise économique, de banlieue londonienne et de peep show à Soho que se déroule l'histoire de Maggie (Marianne Faithfull), cette grand mère qui, après avoir vendu sa maison, tente en vain de trouver un job pour réunir l'argent nécessaire pour que son petit-fils puisse être soigné en Australie... Finalement, Maggie acceptera un job d'hôtesse au "Sexy world" où elle est employée pour masturber les clients. Maggie deviendra "Irina Palm" grâce à son courage. Et son audace lui permettra de devenir elle-même, de s'affirmer et de s'échapper du carcan petit bourgeois dans lequel elle vivait jusqu'alors. De retrouver une dignité de sa personne, la considération d'elle-même alors qu'elle travaille dans un sex-shop. Bien sûr, elle devra affronter les railleries de ses "amies", la violence et l'incompréhension de son fils pour s'imposer et finalement trouver le "bel" amour en la personne du propriétaire du Sexy world (Miki Manojlovic).
Le film est parsemé de moments d'une grande dignité (Maggie prenant possession de son lieu de travail), d'humour (le recrutement de Maggie par Mikki, le "tea time"...) filmés et interprétés avec justesse. Mais il pêche toutefois, à mon avis, par un happy end un peu "too much" : cette femme, mûre, qui trouve sa liberté alors qu'elle mène un combat pour sauver son petit-fils, devait-elle en plus, rencontrer son prince charmant ?

dimanche 13 mai 2007

Anne Teresa de Keersmaeker - soirée Steve Reich & soirée répertoire - Théatre la Ville

Présente à deux reprises cette saison au théâtre de la Ville, la compagnie Rosas présentait une soirée/hommage au compositeur Steve Reich, composée de créations et reprises. Et un concert chorégraphique décliné sur la musique de Bartok, Beethoven et Schönberg.
Ces différentes chorégraphies permettent, outre de voir et revoir certaines pièces, de comprendre et d'apprécier l'évolution de l'écriture chorégraphique d'Anne Teresa. Réconciliation entre la danse et la musique, de Keersmaeker s'inscrivant en faux par rapport aux démarches des chorégraphes américains de la post-modern dance.
Hommages rendus aux compositeurs puisque la soirée Steve Reich débute par deux morceaux (Pendulum Music et Marimaba Phase) du compositeur sans aucune intervention des danseurs de la compagnie. La musique minimaliste et répétitive de Reich qui peut autant séduire qu'agacer : l'écriture chorégraphique met en musique la partition de Reich. Hommages également aux compositeurs classiques, la danse illustrant la partition, qu'il s'agisse du "quatuor n°4" de Bartok ou de la "grande fugue" de Beethov. Danse féminine, danse masculine, se poursuivant dans le silence en gardant les tempis de la phrase musicale ou se calquant sur les "vagues" beethoviennes rendues par la fugue. Hommage de la danse à la musique, où les deux arts vivants s'affrontent, se complètent pour mieux s'unir pour offrir au spectateur du beau.
Quant à l'écriture de la chorégraphe belge, elle évolue d'une phrase répétée de gestes simples à une complexité du mouvement : ce n'est plus seulement le bras qui provoque le mouvement, il naît également de la hanche ou du talon. Le mouvement n'est plus seulement lisse et continu, il devient complexe dans son enchaînement. Torturé. Pause. Ici, pas de narration, le geste pur. Talons frappés. Coudes. Mouvements déclinés dans différents espaces, la phrase est également reprise en position horizontale. Déboulés. Chutes. Déboulés. Souffle et respiration ponctuent les partitions. Ajouter à cette déferlante de mouvement, de gestes répétitifs, l'humour de la chorégraphe, les pièces présentées cette année sont des petites merveilles chorégraphiques. Pas une ride. Les créations s'enchaînent aux pièces qui ont contribué à la réputation de Rosas.
Le tout pour se clore par la "Nuit transfigurée", pièce charnière dans le répertoire de la compagnie. Pour la première fois, me semble-t-il, la chorégraphe ose les sentiments. A sa manière mais fortement inflencée par la prêtresse de Wuppertal : les ados en culottes blanches sont désormais des femmes sensuelles qui se jettent sans hésiter aux cous de leurs partenaires. Contacts entre les genres. Au milieu d'arbres, sur un lit de feuilles rouges. Un décor à la Peter Pabst.


(2 premières photos from "Rosas/Anne Teresa de Keersmaeker", éditions La Renaissance du Livre)

mardi 8 mai 2007

Spiegel (Miroir) de Wim Vandekeybus

Superbe spectacle... égrené de nombreux souvenirs : bien sûr on se souvient de ces corps qui luttent, qui chutent, qui vrillent, qui tournoient... on se rappelle de la plume qui ne doit pas toucher terre, de la chaise suspendue/renversée, des filles apportées sur le plateau et sauvagement lâchées par leurs partenaires...
SPIEGEL est bien évidemment saupoudré de cette virtuosité brutale qui caractérise la démarche du chorégraphe qui concède avoir "inventer un langage nouveau parce qu'(il) n'avait pas de bases traditionnelles comme ces interprètes qui ont suivi tel maître de danse ou tel courant".
Plus encore que dans ses autres pièces, Vandekeybus met en valeur l'énergie et la puissance des corps dans un décor sobre.
L'anniversaire des 20 ans d'Ultima Vez est réussi, pour le plus grand plaisir des spectateurs... un concert chorégraphique à savourer sans modération.

(photo 1 : JP Stroop - photo 2 : W. Vandekeybus)

dimanche 6 mai 2007


"Paul avait choisi la Grèce pour sa blancheur annoncée : la châleur incandescente du jour, l'affluence nocturne des étoiles, l'éclat des maisons chaulées le long de la côte. La Grèce aveuglante, brûlante, somnolente, fossilisée.
Partir en groupe - voilà le risque, car Paul n'est pas de l'espèce grégaire. Il redoute les réunions à but charitable et les cocktails mondains, toutes les occasions où il doit parler de lui à des gens qu'il ne reverra jamais."

"Jours de juin" - Julia Glass -éditions des 2 terres.

samedi 5 mai 2007