samedi 26 janvier 2008

Ballet de l'Opéra de Lyon / Ouramdane - Forsythe / Théatre de la ville

La scène. Entièrement blanche. Délimitée par de hauts murs en toile tendue, trainent ici et là quelques écrans vidéos et mégaphones.
Pour Superstars, Rachid Ouramdane a interviewé les danseurs du Ballet de l'opéra de Lyon et sélectionné sept d’entre eux, d’après le pittoresque de leur parcours. Il leur a demandé de s’inventer un solo, dansé sur les accords du guitariste Alexandre Meyer et illustré par la voix de l'interprète racontant ses souvenirs, liés pour la plupart, à des bouleversements historiques.
Si les soli, intensément portés par chaque danseur, sont basés sur une gestuelle minimaliste, répétitive et tranquille, la pluridisciplinarité à laquelle recourt Ouramdane pour aborder la question de l'identité, agace rapidement et transforme cette pièce en propos mille fois entendu et convenu. Ennuyeux.

"Ennemy in the figure", pièce centrale du tryptique "Limb's theorem" compose cette deuxième partie de soirée. Cette pièce, comme beaucoup chez Forsythe, ne développe ni thème, ni anecdote et n'annonce aucun message.
Esthétique tranchée, glacée et énervée.
Le chorégraphe montre qu'il maîtrise parfaitement les déformations qu'il a imposé au vocabulaire académique qu'il allie à la déconstruction de l'espace. Sur une longue cloison ondulante et imposante, les danseurs pour certains vétus de costumes brouillant leurs formes, semblent écrasés par la lumière. Car le jeu des lumières procède de la même volonté de déconcerter le regard du spectateur. Les danseurs déplacent eux-mêmes de gros projecteurs sur roulettes, ou bien, jouent sur le visible et l'invisible. Puisque la danse a également élu domicile dans le contre-jour.
Les danseurs du ballet de l'Opéra de Lyon défendent avec brio le vocabulaire académique aux principes exaspérés pour montrer l'éclatement du monde à travers l'éclatement de la structure de la danse. Trente minutes de plaisir intense accompagnées par la musique de Thom Willems.

jeudi 24 janvier 2008

mercredi 23 janvier 2008

Heath Ledger (1979 - 2008)

mardi 22 janvier 2008

XXY, un film de Lucía Puenzo

XXY dépeint le trouble d'Alvaro (adolescent vierge à l'homosexualité rentrée) devant le corps d'Alex (androgyne renfermée mais au désir impatient), qui lui prouve qu'elle possède une façon "spéciale" de le satisfaire. Les deux adolescents se découvrent alors une complicité amoureuse et sexuelle. Avec au passage une vision lucide mais impitoyable des pères et des mères, de leur bonne volonté mêlée d'égoïsme et d'incompréhension ou de leur franche intolérance.
Récit impressionnant de pudeur et de dignité, XXY pose des questions quant à nos règles de vie et à l'ordre moral. Ainsi de ce dialogue entre Alvaro et son père : «Alors comme ça, tu aimes Alex ? Ça me rassure, je croyais que tu étais pédé»...
Pour réaliser ce film, Lucía Puenzo s'appuie sur la performance électrisante d'Inés Efron, 22 ans, tout en colère et en souffrance mêlées. Hélàs, le récit faiblit au fur et à mesure que les "zones d'ombre" disparaissent, affichant ici et là un symbolisme quelque peu lourdaud.

samedi 19 janvier 2008

Le Spartacus de Carlos Acosta à Garnier

Samedi 19 janvier 2008. Palais Garnier.
Grand spectacle et grands sentiments sont au rendez-vous de ce Spartacus. Grande fresque formaliste et illustration du "ballet soviétique", la troupe du Bolchoï, avec à sa tête l'étoile cubaine Carlos Acosta, peut alors afficher lors de sa tournée parisienne des tours de force techniques impressionnants et rarement égalés. A l'origine, cette histoire politiquement édifiante a été créée au Kirov, en 1956, par Léonide Jacobson, expérimentateur qui n'a pas hésité à remettre en cause le vocabulaire académique. Son Spartacus, sans pointes, très moderne pour l'époque, reçoit un accueil politiquement très froid. Douze ans plus tard, Iouri Grigorovitch, directeur du Bolchoï depuis 1964, reprend le thème sous une forme plus conforme aux canons académiques.
La trame n'a pas changé. Le général Cracus, à la tête de ses troupes, gagne une campagne. Il capture Spartacus et sa compagne Phrygia, qui sont vendus comme esclave. C'est Crassus qui a acheté la jeune femme. Il l'emmène dans sa villa où elle est l'objet de nombreuses humiliations, en particulier de la part d'Aegina, la maîtresse de Cracus. Au cours d'une orgie, Spartacus, devenu gladiateur, est amené à tuer l'un de ses compagnons. Ce drame agit comme un révélateur. Il jure de se venger et incite ses homme à s'enfuir. La révolte s'amplifie, Spartacus en prend la tête et met le siège devant la villa de Cracus. Il libère sa femme et capture le général romain. Celui-ci, au cours du duel qui l'oppose au chef des rebelles, demande grâce. Il est libéré au milieu du mépris général. Il va alors regrouper les légions et revenir pour défaire les rebelles. Aegina, avec d'autres femmes, s'est infiltrée dans le rang des rebelles. Elles les séduisent si bien qu'ils sont impuissants à lutter contre les romains. Spartacus est capturé de nouveau et exécuté d'une façon fort théâtrale : il est jeté en l'air et crucifié sur les lances des soldats.
Avec toute son emphase et un Carlos Acosta au sommet de son art, Spartacus est très révélateur de cette forme de ballet didactique et athlétique. Il a rencontré, avec le couple Carlos Acosta-Nina Kaptsova, des interprètes dont la passion sur scène transcende le caractère formel de la pièce. La difficulté technique devient une métaphore du combat que mène le chef des rebelles. Lyrique jusqu'au pompeux, ce ballet de l'ère soviétique possède une verve épique incontestable.
Vingt minutes d'ovations, de "brrraaaaavo !!" et d'applaudissements, ont clos cette soirée.

Et maintenant, en DVD :

dimanche 13 janvier 2008

Zeitung, spectacle conçu par Anne Teresa De Keersmaeker et Alain Franco.

Création mondiale dédiée à Gérard Violette.

Sur le vaste plateau nu du Théâtre de la ville, le piano se dresse en fond de scène. Alain Franco, est à l'avant, debout, mains sur les hanches, un rien bedonnant, tenue passe partout. Quant aux neufs danseurs de Rosas, ils apparaîtront par solos, duos, trios ou en groupe. Parfois, l'énorme scène du théâtre de la Ville sera vide. Seul le son du piano envahira l'espace et les spectateurs d'émotion.
Bach, Webern et Schönberg : la chorégraphie passe constamment d’une danse de groupe à des soli, d’une énergie d’ensemble à des élans singuliers. Successions de rencontres, de croisements, de frictions, d'évitements, de fusions entre la musique et la danse. Anne Teresa De Keersmaeker compose avec les propositions des danseurs. Alors qu'avec le jubilatoire Toccata (1993), l’écriture s’alignait note à note sur la partition, afin de rendre visible la structure de la composition de Bach, ici, l'empreinte de la recherche chorégraphique est primordiale. Rien n’est joué d’avance. Comme la danse, qui à partir de la hanche, du genoux, du coude... déstabilise le placement vertical pour emmener le corps toujours ailleurs que dans une position de confort.
Zeitung est l'occasion de revoir sur scène des "anciens" de Rosas, comme Fumyo Ikeda et Cynthia Loemij.
Toutefois, le spectacle nécessiterait d'être légèrement resserré pour pouvoir conserver tout au long les émotions splendides qu'il contient.

vendredi 11 janvier 2008