jeudi 31 juillet 2008

mardi 22 juillet 2008

No way home, a cuban dancer's story, de Carlos Acosta

Carlos Acosta nous livre dans ces pages à la fois son autobiographie, ses interrogations et ses blessures. Celles d'une étoile du monde la danse et d'un homme qui danse.
Du gamin indiscipliné originaire de Los Pinos, break danseur, chapardeur qui sera, contre son gré, soumis à la discipline de fer du monde du ballet grâce à un père intangible quant à la destinée de son fils, au jeune homme qui s'affirmera comme l'héritier des Noureev et Baryshnikov, tellement son talent est immense et qu'il séduit. Sans détour, sans complaisance, Carlos nous parle de lui, se révèle au lecteur sans jamais tomber dans le patos ou les clichés de l'art difficile, de la souffrance physique. Il le reconnait et le répète : Acosta travaille beaucoup.
Tout en nous parlant de ses regrets, ses déchirures : cubain dans l'âme, il vivra éloigné de sa famille dès le plus jeune âge, "embrigadé" par la formation classique dispensée à Cuba. Il se sentira coupable du destin qui frappe les siens, étranger dans son île qu'il respecte et adore. Auxquels s'ajoutent les déceptions amoureuses de ce grand romantique, timide et maladroit avec les femmes, qui s'interdit de croire qu'il peut plaire. Mais les lignes tracées par Carlos Acosta sont régulièrement ponctuées d'humour : ses premières érections pour ses partenaires, sa découverte, adolescent, du monde capitaliste occidental, sa première rencontre avec Lady Di... hilarant.
Avec "no way home, a cuban dancer's story", Carlos Acosta rend un vibrant hommage à tous ceux qui l'ont conduit à son statut de star : à son père "one of the greatest men I have ever known", à Chery son professeur cubain qu'il considère comme sa seconde mère, à Ben Stevenson... bref à tous ces gens que l'on voudrait nous aussi remercier tellement la danse qui nous est livrée aujourd'hui par Carlos Acosta est un émerveillement.

Extrait :

"You know what the difference is between me and you ? You have spent your life talking to me about art when all I really wanted was a home. I'm sure I'll have many houses, but a house is not a home. My home was this one and I lost it. You gave me life, and yet you're a stranger to me. But I'm famous, so we can drink to that ! After all, I managed to do what you told me to, so we should at least drink to that, to the fame of the son that you never see, the one who has the mark of a foreigner on his forehead" (...) "eh, Papito, remember that" (...) "Your art, Yuli... your art is your house, my son !"

mardi 15 juillet 2008

Les Fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire, de Vikas Swarup

Ram Mohammad Thomas possède un patronyme à l’image de son pays : multiple, pétri d’espoirs, de croyances, de contradictions. Serveur de 18 ans, il est l’heureux lauréat d’un jeu télévisé inédit, « Qui va gagner un milliard (de roupies) ? ». Incapable de payer une telle somme, la production profite de la modeste condition de Ram pour l’accuser de tricherie et le faire arrêter. Défendu par une avocate, Ram déroule pour elle le fil de sa vie, considérant la chance qui l’a mené à connaître toutes les bonnes réponses aux questions.
Malgré la faiblesse d’un prétexte dramatique quelque peu artificiel, Vikas Swarup propose ici une peinture vive de son pays, témoignage d’une volonté dénonciatrice indéniable : de l’orphelinat aux abords touristiques du Taj Mahal, l'histoire du héros reflète l’Inde du dénuement, de la corruption et des extrêmes dans laquelle il a grandit. L’omniprésence de la misère et de la cruauté sert de fil rouge aux récits successifs du héros, orphelin soumis aux caprices d’une destinée hasardeuse.
"Les Fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire" est loin d'être phénoménal d’un point de vue littéraire mais il se lit facilement. Idéal lorsque vous lisez beaucoup dans les moyens de transport, ou entre deux bains de soleil.

Jane Birkin chante "Aung San Suu Kyi"

samedi 12 juillet 2008

Mes amis, mes amours, un film de Lorraine Levy

Je voulais voir "Mes amis, mes amours" non pas parce que je suis un inconditionnel des livres de Marc Lévy (ma seule tentative de lecture s'est soldée par un échec au bout de la dixième page... le livre me tombant littéralement des mains), mais pour voir la façon dont Londres était filmé et revivre l'ambiance unique et survoltée que réserve la capitale britannique, confortablement assis dans un fauteuil... La déception a été au rendez-vous. Car pour faire une bonne comédie romantique, il faut du rythme, de la légèreté, de l'émotion, des dialogues, des acteurs aussi !

L’histoire : Mathias (Vincent Lindon) et Antoine (Pascal Elbé), tous deux trentenaires et unis par la plus pure amitié qui puisse exister, s’installent ensemble dans le quartier français de Londres après avoir connu chacun de leur côté un divorce douloureux. Père d’un enfant chacun, ils décident de se fixer des règles : aucune fille ne doit s’immiscer au sein de leur « couple » et détruire leur belle complicité. Mais les règles sont faites pour être brisées. Il suffit que Mathias redécouvre l’amour auprès d’Audrey (Virginie Ledoyen), et qu’Antoine se referme sur lui-même pour que leur cohabitation vire aux règlements de compte...

Les acteurs : Vincent Lindon ne semble jamais changer sa méthode d’interprétation (tics légendaires et garçon romantique, le même que celui croisé dans "L'étudiante" le film de Pinoteau... son jeu n'évolue pas) ; Virginie Ledoyen qui incarne une journaliste est linéaire et sans piquant : une interprétation déjà vue, le même regard (qui se veut désirable) et une voix grave, déjà entendue. Pourtant, Pascal Elbé campe un maniaco-dépressif très attachant qui ne croit plus en l’Amour depuis son divorce. Il se consacre donc à son métier d’architecte, à son fils et… au ménage ! Conséquence : plus délicat avec son éponge qu’avec les femmes. Florence Foresti est attendrissante en jolie petite fleuriste secrètement amoureuse d’Antoine. Et Bernadette Lafont interprète formidablement le rôle d'une patronne de bistrot français fumeuse de joints et qui souhaite protéger toute cette « famille ». Mais ils ne sauvent pas le film de l'ennui.

Et Londres, alors ? en posant sa caméra dans le quartier français de Londres, L. Lévy recourt à une imagerie à la "Amélie Poulain" : le spectateur a droit à tous les clichés sauf à reconnaître le mélange des genres, le melting pot qui règnent dans les rues londoniennes. L'histoire aurait pu être filmée dans la Meuse ou en Lozère...

Bref, "Mes amis, mes amours" : c'est cliché, galvaudé, ridicule. Et mal filmé.

jeudi 10 juillet 2008

vendredi 4 juillet 2008

Un jour cette douleur te servira, Peter Cameron

Dans son dernier roman Peter Cameron nous invite à suivre James, un adolescent gâté de 18 ans. Le temps d'un été, James traîne son dégoût existentiel, son ennui et son humour dans les rues de New York.
James est tout seul et croit désirer l'être plus encore. Il ne veut ni de la vie de son père, un homme d'affaires distrait du succès uniquement par la chirurgie esthétique, ni de celle de sa mère, galeriste à Manhattan, au troisième mariage détruit par les néons de Las Vegas. James se devine gay et n'est pas sûr qu'il soit nécessaire d'en faire toute une histoire. Il méprise l'inéluctabilité de sa future réussite et refuse d'aller à l'université. Il ne se sent bien qu'auprès de son chien et de sa grand-mère.
Son avenir ? il l'envisage solitaire, perdu dans une maison du Midwest, à lire Trollope...
James est impossible et adorable, différent et indifférent.
Vif, enlevé, extrêmement drôle et sucré, j'ai dévoré le dernier roman de Peter Cameron. Il utilise un langage simple mais néanmoins sophistiqué pour exprimer le désarroi de cet ado auquel le lecteur finit peu ou prou par s'identifier. Avec quelques échappées poétiques, d'une beauté subtile, "Un jour cette douleur te servira" se déguste comme on découvre le nouveau parfum d'un thé Mariages & Frères : tout en subtilité.