dimanche 24 août 2008

Les toilettes du pape (El bano del Papa)

Quelque part à la frontière entre l'Uruguay, l'Argentine et le Brésil. Une région un peu informe, des collines basses, des prairies à vaches et des routes mal entretenues, sous un ciel immense.
La caméra suit un groupe qui pédale comme des dératés, au centre duquel il y a Beto. Ce sont de petits contrebandiers qui viennent de Melo (village uruguayen) et qui profitent de la situation frontalière pour se livrer à de menus trafics.
Chronique de la vie des contrebandiers, de leur perpétuelle partie de cache-cache avec le douanier volant, homme corrompu et détestable, ce film est aussi une histoire qui parle de la nécessité d’avoir un rêve, d’espérer mieux. Nous sommes en 1988, au moment où Jean Paul II visite la région. Une calamiteuse télévision locale apprend aux citoyens de Melo que le souverain pontife célébrera chez eux une messe en plein air. Pour sortir de leur misère, les habitants de Melo se lancent avec l'énergie du désespoir, dans l'achat de vivres et de boissons destinés aux dizaines de milliers de fidèles annoncées. Beto, lui, décide de construire dans son jardin, des toilettes payantes. La naïveté des habitants, le matraquage des médias, la corruption et la brutalité des détenteurs de l'autorité fournissent tous les ingrédients nécessaires à la confection d'un désastre qui tourne en ridicule le héros du jour et ses adorateurs.
Cette vigoureuse moquerie mêle ainsi à la fois description réaliste, situation comique et émotion, portée par des acteurs professionnels et les habitants du pueblo. Il ressort de ce petit joyau cinématographique une véritable authenticité et une chaleur communicatives.
"Les toilettes du pape", c'est peut être aussi un témoignage qui dresse le portrait des habitants de Melo, de leur culture et de leurs traditions avant qu'inéluctablement, elles ne disparaissent.
Mais "les toilettes du pape" c'est surtout et avant tout une histoire d’amour, histoire silencieuse et cachée : celle d’un père qui veut être aimé, accepté et même admiré par sa fille.

Film uruguayen d'Enrique Fernandez et César Charlone avec César Troncoso, Virginia Mendez.
Dans le cadre du "Latina fait son F(E)stival" (été 2008).

mercredi 20 août 2008

On leave in Waikiki, Honolulu, Hawaii, by Bruce Weber

dimanche 10 août 2008


Le théâtre romain de Fourvière. Légère fraîcheur de la nuit. Le sourd brouhaha des voix reste intégré au silence. Au delà de la scène scintillent les lumières de la ville. Le ciel criblé d'étoiles. Je songe aux Cyclades, Amorgos, Sifnos. A Folegandros. Je chasse ces pensées qui tournent en moi et me concentre. Il importe que je sois prêt à recevoir ce qui va nous être proposé.
Le moment tant attendu, celui qui aiguise l'impatience... Et puis sa main, plongée dans la lumière du projecteur. J'adhère à cette lenteur qui insensiblement me saisit, me coupe de moi-même... éteint l'oeil de la conscience de soi. Poignet qui se retourne.
Mêlé à la nuit, le projecteur effleure alors son corps. Je retiens mon souffle, ne suis plus que fascination. Une fascination qui va s'intensifiant. Lentement, très lentement, le corps frémit, ondule. Un mouvement qui serait de l'ordre de l'immobile. Et qui pourtant ne s'arrête pas. Une statue qui soudain s'éveillerait et se mettrait à vivre ?
Le trouble grandit. Fracturé le temps. En body chair et collant noir, au centre de la table rouge, la silouhette longiligne de la ballerine amorce un nouveau geste. Moment d'éternité qui ne s'achève pas. Sylvie Guillem danse Boléro.

Représentation du 28 juin 2008. Nuit Maurice Béjart.
Je dédie ce post à May et Laure G. Avec toute mon amitié.

lundi 4 août 2008

Alexandre Soljenitsyne (1918-2008)