vendredi 30 novembre 2007

Amjad / E. Lock au Théatre de la Ville


Amjad, pièce pour neuf danseurs et quatre musiciens.

Édouard Lock s'inspire de deux icônes du ballets de l'époque romantique, Le Lac des cygnes et La Belle au bois dormant, pour décliner une danse éclatante de maîtrise technique, de complexité et de rapidité d'exécution. A l'opposé d'un Jérôme Bel qui soulignait l'immobilité du Lac des cygnes dans Véronique Doisneau, le chorégraphe canadien en profite pour radicaliser la figure du pas de deux : les bras moulinent, les jambes fouettent, les pointes piquent et piétinent, les corps se repoussent, se heurtent, se propulsent. Sans romantisme. Ni sentimentalisme.
Dans un univers sonore épuré, inspiré des oeuvres de Tchaikovsky entremêlées aux notes répétitives de David Lang.
Et cet instant de grâce : elle et lui sur pointes, de profil, en nuisette et torse nu. Ils vacillent, se rapprochent, s'éloignent. Piétinent doucement, mystérieusement...

jeudi 29 novembre 2007

De l'autre coté, un film de Fatih Akin

A Brême, Ali, veuf retraité, immigré turc, propose à une prostituée, turque elle aussi, de devenir son unique client en vivant chez lui. Menacée par des fondamentalistes musulmans, celle-ci accepte l'offre du vieux grigou qui, un jour d'ivresse, la frappe et la tue accidentellement. Après un séjour en prison, Ali est expulsé d'Allemagne.
Yeter, la prostituée, envoyait son argent à sa fille en Turquie, afin de lui payer des études. Elle ignorait que sa fille, engagée dans une lutte politique clandestine, traquée par la police, s'était enfuie à Hambourg où elle cherchait sa mère. En vain.
A Hambourg, Ayten, la fille sans-papiers de Yeter, est hébergée par Lotte, une étudiante allemande avec laquelle elle vit une passion homosexuelle. Lorsqu'Ayten est arrêtée par la police, reconduite en Turquie où elle est incarcérée, Lotte décide de partir la secourir.
A Istanbul, Lotte est logée chez Nejat, le fils d'Ali, qui est venu tenter de retrouver Ayten pour lui apprendre la mort de sa mère et a ouvert une librairie spécialisée dans la littérature allemande. Lotte meurt lors d'une bagarre avec des gamins qui lui volent son sac...

"De l'autre côté" met en scène les séparations, les chassés-croisés, coups de coeur et coups du destin de ces six personnages qui, certes, vont se rater, mais aussi s'apprivoiser, s'aimer, s'adopter. Se réconcilier.
Sur un ton profondément humaniste sans être complaisant, "De l’autre côté" est un film qui nous veut du bien.

Prix du scénario au Festival de Cannes.

dimanche 25 novembre 2007

Vanessa Van Durme au Théatre de la Ville

"Regarde maman, je danse" de et par Vanessa Van Durme. Les Abbesses.

Les pieds nus, dans une combinaison de soie rose, Vanessa Van Durme se joue elle-même et nous parle de la quête douloureuse de son identité et de sa place dans la société. Lentement mais résolument, cette femme transsexuelle se dépouille de soixante ans de vie, jusqu'à nous dévoiler le tréfonds de son âme.
A la fois hilarante et touchante, elle utilise un langage cru, dur et explicite, volontairement dénué de fioritures et d'effets poétiques.
"Regarde maman je danse" est une belle leçon d'humilité, dispensée par une comédienne hors pair, une femme qui n'a jamais renoncé.

vendredi 23 novembre 2007

Maurice Béjart (1927 - 2007)


Sconach Mirk "Fragments" / Ballets du XXème siècle / Photo Marion-Valentine

Incongru, peut être.
Mais cette photo a été la première photo de danse que j'ai épinglé sur le mur de ma chambre. Elle disait tout de la féminité, de la fragilité, de la beauté... de la danseuse. Monde rêvé.
Ce premier pas dans le monde de la Danse, je le dois à Béjart.

vendredi 16 novembre 2007

dimanche 4 novembre 2007

Le Songe de Médée - Preljocaj / Génus - Mc Gregor

Palais Garnier. Samedi 3 novembre.
Le Songe de Médée. Interprètes : Delphine Moussin (Médée) - Yann Bridard (Jason) - Muriel Zusperreguy (Creüse, fille de Créon)
Médée, mère infanticide et amoureuse démente, solde sa rupture avec Jason en tuant sa propre progéniture. Le chorégraphe a réduit l'histoire du couple de la mythologie grecque à la rivalité entre Médée et la jeune Creüse, fille de Créon. Le pas de deux entre Jason et Creüse qui aguiche et séduit son futur époux traduit tout le savoir-faire de l'écriture chorégraphique de Preljocaj bien que, pour les danseurs de l'Opéra de Paris, la gestuelle se soit fluidifiée. Ici, pas de corps à corps passionné et animal à l'instar de son pas de deux du "spectre de la rose". Mais le Preljocaj des années 90 écrivait avec une fougue, une fureur qui ont depuis disparu, cherchant désormais à complaire. D'ailleurs, tout concourt dans ce spectacle à séduire le spectateur. Sauf qu'ici, Médée ne s'impose pas, elle subit. Quoi ? sa maternité, son amour pour ce guerrier, son cocuage... jusqu'à la gestuelle preljocajienne qu'elle semble réciter. Et ce Songe devient alors un ballet musical : sans les bruitages et autres crissements de la musique de Mauro Lanza qui maintient le spectateur en apnée, le bain de sang final friserait le grotesque.
Une création, Genus, de Wayne Mc Gregor.
Figures complexes. Limites physiques repoussées au maximum. Intelligence du corps. Isabelle Ciaravola excelle. Elasticité. Mouvements désarticulés, rapidité de l'exécution. Fluidité. Coups de tête, roulement d'épaules. Amplitudes inquiétantes et somptueuses. Comme la danse de Mathias Heymann. Langage original, somme de la diversité. Mais tous les danseurs présents sur scène ne sortent pas auréolés par cette expérience.

(photo : Pascal Victor/Artcomart)

vendredi 2 novembre 2007

Renaissance Sienna : Art for a City

National Gallery. Londres.
Six salles à taille humaine, aux douces teintes. Présentation hyper élégante qui confère à chaque œuvre tout son resplendissement.
Le dernier siècle de la République de Sienne (1458-1536) est évoqué ici au travers d'une centaine de peintures, dessins, sculptures, manuscrits et céramiques. Diversité de l'art Siennois à la Renaissance : sensibilité délicate, climats de tendre religiosité, lumières irréelles, préciosité de couleurs, figures expressives et chargées de sentiment...
Les artistes de cette période s'appellent Francesco de Giorgio Martini, Domenico Beccafumi, Francesco di Giorgio ou Pietro Orioli.
Pouvoir admirer le beau. En toute quiétude.

jeudi 1 novembre 2007

The First Emperor / China's terracotta army

Bristish Museum. Londres.
Vingt et une statues grandeur nature en terre cuite de soldats, d'acrobates et de musiciens sont exposées dans la célèbre salle de lecture du musée londonien.
La première partie de cette exposition présente l'oeuvre de bâtisseur et d'homme d'Etat de Qin Shihuang, fondateur de la dynastie Qin (221-210 av. J-C) : les réformes menées par cet empereur qui n'a gouverné que 20 ans avaient pour objectif l'unification de l'Empire et la centralisation du pouvoir. Parmi les nombreuses mesures prises : l'adoption des mêmes mesures de poids et de longueur sur tout le territoire, une monnaie nationale, une écriture unifiée... Tout est expliqué ludiquement au visiteur.
La seconde partie évoque la quête de vie éternelle et la manière dont l'empereur entendait régner sur l'Univers depuis sa tombe. Sous terre depuis plus de 2000 ans, les soldats en terre cuite étaient chargés de veiller sur la tombe de l'empereur dans sa vie après la mort. Etonnamment bien conservées, ces statues à taille humaine sont extrèmement réalistes et chacune d'elle est unique, montrant ainsi la mixité ethnique de l'armée. Impressionnant.