mercredi 31 octobre 2007

Carlos Acosta et les solistes du ballet national de Cuba

Londres. Sadler's Wells. Samedi 27 octobre.
Danseurs : Carlos Acosta, Yolanda Correa, Veronica Corveas, Anette Delgado, Victor Gili, José Losada, Javier Torres et Vingsay Valdès.
Chorégraphies : Alberto Méndez, Alicia Alonso (d'après Marius Petipa) et Carlos Acosta.
Dispute d'un jeune couple : elle (Yolanda Correa) aime la lecture, lui (Javier Torres) ne la comprend pas. Ils se disputent, se séparent. Pour se consoler, oublier, elle se replonge dans les livres. De ses lectures émergent des personnages qui dansent : Munecos, El rio y el bosque, Paso a tres et le pas de deux du Corsaire. Ils devraient nous emmener dans un voyage poètique, féérique... seulement les chorégraphies de Mendez, enfantines, sentent la naphtaline. Tout le talent des danseurs cubains est nécessaire pour que l'humour de ces chorégraphies soit mis en exergue : Delgado se surpasse, Acosta fait des étincelles, il éblouit en Corsaire, proposant un final survolté. Enfin ! Et Valdès, ultra-technicienne, enchaîne avec aisance ses fouettés... Parce que les difficultés techniques s'enchaînent tout au long du spectacle et c'est avec brio et éclat qu'elles sont surmontées par les danseurs cubains.
Les danses les plus intéressantes sont celles chorégraphiées par Acosta et qui servent de fil narrateur à l'histoire qui nous est proposée. Yolanda Correa qui en est l'interprète, brûle les planches dans cette dynamique, cette prise de risque, ce mélange des genres (classique, contemporain, hip-hop).
Des pieds et un tempérament d'acier, un don d'actrice rare chez les ballerines, elle transforme l'effort comme une passionaria. Yolanda déploie une énergie phénoménale qui se déchaîne dans la grandeur, dans l'humour... éclipsant ses collègues le temps d'un final.
Yolanda Correa dansant Kilyan, Forsythe, Tharp, Ek ou encore Mc Gregor... un rêve ? s'il pouvait devenir réalité, pour que nous puissions savourer des instants de danse magiques, pour cette danseuse hors pair... pour q'elle nourisse cet art qu'elle défend si justement : celui de la Danse.

(Photos tirées du programme)

mardi 30 octobre 2007

La Nikya de Marianela Nunez

Covent Garden. Samedi 27 octobre (matinée).
La Bayadère, chorégraphie de N. Makarova.
Dans un décor plus hindouiste et aux couleurs plus ternes que ceux utilisés par Ezzio Frigerio pour illustrer la chorégraphie de Noureev, cette Bayadère m'a enchanté. Si Thiago Soares campe un Solor princier, torturé par le feu qu'il éprouve pour Nikya et la beauté de Gamzatti (Deirdre Chapman), sa danse n'a pas été à la hauteur de son jeu d'acteur ce qui fragilise son interprétation. Mais Marianela Nunez est majestueuse. Danseuse sacrée remarquable et remarquée du Brahman (Josua Tuifa), elle ne se soucie guère des conséquences de son choix et se donne toute entière à l'amour promis par Solor. La coda de cette fin du Ier acte est magnifiquement interprétée. Sa douleur, sa déception seront insupportables pour celle qui se sent trahie, humiliée, abandonnée : la mort est la seule issue qui s'offre à Nikya.
Tout dans la danse de Marianela traduit ses sentiments : le mouvement des poignées, le jeu des bras, les cambrés, les levers de jambe savamment et majestueusement mis au service de la dramaturgie, multipliant par mille l'émotion de l'histoire.... quant aux pointes, elles sont soit "frappées" soit "glissées", témoignage de l'allégresse et du désespoir. Quasi silencieuses pour une Nikya spectrale.
L'étoile est entourée d'un corps de ballet qui reçoit une ovation méritée du public londonien tellement l'acte des ombres est beau : il ne s'agit pas ici d'une armée mais bien d'une discipline qui sert l'art de la danse. Gamzatti/Deirdre affiche un sacré talent de comédienne allié à une technique éprouvée pour imposer son amour à Solor tout en jouant le rôle de la garce... afin d'éliminer Nikya.
Avec Marianela Nunez, j'ai ressenti l'émotion qu'une Isabelle Guérin ou une Monique Loudières communiquaient lorsqu'elles interprétaient le rôle de Nikya.
Bien évidemment, je ne terminerai pas ces quelques lignes sans une mention spéciale à l'Idole dorée, Sergei Polunin, impressionant de charisme et de précision.
L'interprétation musicale, sous la baguette de Valery Ovsyanikov, ne m'a pas complètement convaincu, interprétant la musique de Minkus avec une certaine lourdeur... mais cette ombre au tableau n'a pas gâché cette matinée mémorable !

samedi 20 octobre 2007

vendredi 19 octobre 2007

jeudi 18 octobre 2007

Cher Ulysse, de Jean Claude Gallotta

Théâtre National de Chaillot. Paris.

Blancheurs altérées. Bloom. Le Dublin de Joyce. Absence de narration.
Présence fugitive, micro ou mégaphone en main... balbutiements kreuliens. Expiration forcée. Micro-gestes saccadés, répétés. A peine osés. Mais précis. Portés. Baisers. Déboulés en ruade. Grands jetés à peine esquissés. Cambrés. Attitudes. Ballet gallotien. Rupture avec les formes de la danse académique et moderne.
Architecture. De l'espace. Rigueur des lignes. Marathon dansé.
Guitares électriques et bruits mécaniques. Mais la tribu n'existe plus. Et quelque chose s'est fâné.
Ulysse, pièce emblêmatique d'une génération de chorégraphes qui a voulu changer la danse... finalement, avec "Cher Ulysse" les voiles ne se hisseront pas. La fin de l'Odyssée ?

dimanche 14 octobre 2007

Huis clos / Sartre / Raskine

Théâtre de la Ville, Les Abbesses - Paris.
Trois personnages enfermés... l'enfer.
Estelle, Garcin et Inès vont devoir cohabiter éternellement, livrés les uns aux regards des autres. Chacun est le bourreau de l'autre : chaque personnage ne peut s’empêcher de questionner l’autre, de vouloir le posséder ou l’humilier, afin d’asseoir sa propre domination. Les trois protagonistes se livrent une joute verbale et s’affrontent physiquement. Car malgré leur nouvelle qualité de défunts, ces séquestrés sont diablement vivants.
Et à cette violence exacerbée répond la dimension comique de la pièce, née du grotesque des personnages. La mise en scène de Michel Raskine rend ici hommage à la théâtralité de Pina Baush.

dimanche 7 octobre 2007

Myth, de Sidi Larbi Cherkaoui

Théâtre de la Ville. Paris.
Dans un décor composé d'entrelacs arabes, de bibliothèques remplies de livres et de crânes, et d'un plancher labyrintique, "Myth" met en scène 14 danseurs (dont deux trisomiques) qui tentent d'évoquer la vie et ses traumatismes...
Myth est une succession de scénettes aux formes trop pleines, trop remplies, trop riches. Saupoudrées de signifiants indigestes. Et le sujet finit par disparaître. Même les séquences de danse, qui entrecoupent le spectacle, flirtent avec le déjà-vu. Et ce ne sont pas les musiques arabes, andalouses et italiennes du XIIe siècle, savamment utilisées, qui corrigeront Myth de son caractère pompeux.