lundi 11 juin 2007

La Belle, de JC Maillot au théatre du Chatelet

Il s'agissait ce soir de ma deuxième Belle aux bois dormant de la saison. Après celle présentée à Covent Garden, celle chorégraphiée par JC Maillot pour les ballets de Monte Carlo. C'est la première fois que j'assistais de visu à un spectacle de cette compagnie régulièrement encensée par la critique. La Belle, dansée ce soir par Berenice Coppieters est une lecture du comte de Perrault basée sur la complexité des relations humaines et le psychodrame familial. Maillot déclare opposer sa Belle à celle de Petipa, "trop sucrée". Ici, deux univers s'affrontent : celui du Prince (les décors et costumes sont essentiellement noirs et blancs), entouré d'une mère castatrice (elle est également la fée Carabosse) et qu'il devra tuer pour se "libérer". A l'opposé, le monde de la Belle, aux couleurs douces, et qui se meut dans une bulle à l'abri du monde "vrai"... Cette lecture du comte est intéressante mais qu'apporte exactement l'écriture chorégraphique de Maillot ? Sa gestuelle est qualifiée de "néo-classique"... personnellement, j'ai eu l'impression d'une succession de petits gestes maniérés et de nombreux tableaux mimés pour que le spectateur puisse comprendre la lecture du chorégraphe. Le travail de Maillot nous emmène hélàs très loin de l'esthétisme des Kylian et autre Duato. Seuls quelques mouvements du corps de ballet donnent de l'élan à cette chorégraphie que l'on oublie rapidement sous l'opulence des costumes de Philippe Guillotel, et qui est vainement mise en relief par les jeux de lumière de Dominique Drillot. Certes le troisième acte redonne un peu de force et d'élégance à l'écriture chorégraphique mais je sors fort déçu de cette première rencontre avec le travail de Maillot.
(photo 1 : Laurent Philippe)

Voilà ici recopiés mes propos suite à la Belle de novembre dernier présentée à Covent Garden. Mon enthousiasme était tout autre :

Quelques mots pour vous parler de la "Beauty sleeping" au ROB (28/11/06) avec dans les rôles titres Tamara Rojo et Carlos Acosta.
La chorégraphie actuellement présentée date de 1946 et a été "montée" par Ninette de Valois. Le programme précise que des morceaux chorégraphiques de F. Ashton, A. Dowell & C. Wheeldon complètent cette version.
Covent Garden affichait complet, y compris pour les places debout et avec très peu de visibilité. Une véritable communion et un plaisir partagé par tout un public...
Dès son entrée, Tamara s'est imposée par sa technique. Infaillible, belle, un peu libertine, elle a fait preuve d'une grande assurance qui s'est confirmée avec l'adage à la rose. La Belle s'est amusée : elle semblait "suspendue" avant de reprendre la main de ses prétendants. Un "ooooh" général a retenti dans l'enceinte de l'Opéra et les applaudissements ont été forts chaleureux.
Quant à Carlos... LE phénomène de la danse de ce début de siècle. Inimaginable et difficilement descriptible, sa prestation bien que "réduite" dans cette version (celle de Noureev accorde une place plus importante au Prince) restera pour moi, mémorable. En particulier ce solo... tant filmé (cf. Noureev qui le maîtrisait fort bien, ou Manuel Legris dans le dvd "Rêve d'étoile" consacré à cette histoire, transpire, écoute les conseils de Patricia Ruanne pour finalement arriver à dominer son sujet) et où le prince est attendu sur ce morceau de bravoure. Chez Acosta, à la différence des autres danseurs, il y a cette agilité, cette facilité déconcertante. Certes, d'autres danseurs resplendissent dans ce rôle mais on perçoit la somme de travail qu'a exigé ce passage. Chez Acosta, la maîtrise est telle, l'ampleur gestuelle si phénoménale qu'il réussit à couper le souffle à Covent Garden pendant quelques minutes. Fabuleux.
La cerise sur le gâteau étant le grand pas de deux de l'acte III où nos deux protagonistes sont resplendissants.
Seul reproche : le rôle très technique de la princesse Aurore fait perdre la dimension dramatique du personnage.... et c'est dommage.
Autre soliste dont je retiens la prestation : José Martin, l'oiseau bleu. Son amplitude et son investissement physique lui ont valu de nombreux applaudissements. J'ai découvert José lors du spectacle que Carlos présentait en juillet dernier au Sadler's (Carlos & his friends). Les deux danseurs sur scène avaient été impressionants.
Et j'avoue que je n'hésiterai pas à traverser la Manche lorsqu'un rôle titre lui sera confié. A suivre...
La fée Lilas était dansée par Alexandra Ansanelli, fort belle et qui n'a pas démérité, bien au contraire.
Quelques regrets cependant concernant le corps de ballet dont j' attendais plus de rigueur dans les déplacements. Après avoir vu le Bolshoï, je me dis que la compagnie russe a une maîtrise du mouvement d'ensemble phénoménale, que je ne retrouve pas dans les autres compagnies.
Cette petite ombre au tableau ne m'a pas gâché la soirée, bien évidemment !
Ravi tout comme l'ensemble du public, le couple Rojo-Acosta a fait fureur. Du grand art, inoubliable.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci! C'est toujours avec grand plaisir que je te lis. Tu écris très bien et tes apréciations sont très interessantes. Aprendo muchas cosas y me encantan los análisis que haces.
¡Cuanto disfrutate con Carlos y Tamara! ¡Qué suerte! en fotoescena colgamos una crítica de ese espectáculo en el que la dejaban muy, muy bien (aunque yo no sea una super-fan de ella)

De nuevo ¡gracias!

kreul a dit…

Muchas gracias
Antes Barceloa voy a ver a Guillem y a Khan em Lyon durante les nuits de fourviere....
besos