mardi 30 octobre 2007

La Nikya de Marianela Nunez

Covent Garden. Samedi 27 octobre (matinée).
La Bayadère, chorégraphie de N. Makarova.
Dans un décor plus hindouiste et aux couleurs plus ternes que ceux utilisés par Ezzio Frigerio pour illustrer la chorégraphie de Noureev, cette Bayadère m'a enchanté. Si Thiago Soares campe un Solor princier, torturé par le feu qu'il éprouve pour Nikya et la beauté de Gamzatti (Deirdre Chapman), sa danse n'a pas été à la hauteur de son jeu d'acteur ce qui fragilise son interprétation. Mais Marianela Nunez est majestueuse. Danseuse sacrée remarquable et remarquée du Brahman (Josua Tuifa), elle ne se soucie guère des conséquences de son choix et se donne toute entière à l'amour promis par Solor. La coda de cette fin du Ier acte est magnifiquement interprétée. Sa douleur, sa déception seront insupportables pour celle qui se sent trahie, humiliée, abandonnée : la mort est la seule issue qui s'offre à Nikya.
Tout dans la danse de Marianela traduit ses sentiments : le mouvement des poignées, le jeu des bras, les cambrés, les levers de jambe savamment et majestueusement mis au service de la dramaturgie, multipliant par mille l'émotion de l'histoire.... quant aux pointes, elles sont soit "frappées" soit "glissées", témoignage de l'allégresse et du désespoir. Quasi silencieuses pour une Nikya spectrale.
L'étoile est entourée d'un corps de ballet qui reçoit une ovation méritée du public londonien tellement l'acte des ombres est beau : il ne s'agit pas ici d'une armée mais bien d'une discipline qui sert l'art de la danse. Gamzatti/Deirdre affiche un sacré talent de comédienne allié à une technique éprouvée pour imposer son amour à Solor tout en jouant le rôle de la garce... afin d'éliminer Nikya.
Avec Marianela Nunez, j'ai ressenti l'émotion qu'une Isabelle Guérin ou une Monique Loudières communiquaient lorsqu'elles interprétaient le rôle de Nikya.
Bien évidemment, je ne terminerai pas ces quelques lignes sans une mention spéciale à l'Idole dorée, Sergei Polunin, impressionant de charisme et de précision.
L'interprétation musicale, sous la baguette de Valery Ovsyanikov, ne m'a pas complètement convaincu, interprétant la musique de Minkus avec une certaine lourdeur... mais cette ombre au tableau n'a pas gâché cette matinée mémorable !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme je t'envie.... mais au moins tu le partages. Merci encore.
Carolina/May

kreul a dit…

Tu t'es offert Le Corsaire avec Lucia, non ? :o)
Et quand pourrai je lire tes impressions ????

Anonyme a dit…

N.Makarova il y a des noms à la consonance magique...Les petites chroniques savent ouvrir des portes inexplorées...et merveilleuses laurence

kreul a dit…

Je devrais comparer les 2 chorégraphies : Makarova et Noureev... chacune a son attrait, bien que ma préférence ailla à celle de Noureev pour les variations de Solor !
Mais je dois reconnaitre que celle de Makarova est plus épurée, sans ces différents personnages qui gravitent et donnent un côté gnangnan à cette Bayadère. Du coup la variation de l'Idole dorée est ressentie comme un summum, une apparition suprême. L'histoire est ici plus "solide"... mais encore une fois, la fin triste de la Bayadère de Noureev me touche plus...