mercredi 12 décembre 2007

Casse-Noisette - Rudolf Noureev / Opéra de Paris

Dernier des trois ballets de P.I. Tchaïkovski, Casse-Noisette fut l'occasion d'une nouvelle collaboration avec le chorégraphe Petipa. Malade, ce dernier confia une partie du travail à Lev Ivanov (la fameuse valse des flocons) mais Petipa contrôla le ballet. Qui eut toutefois moins de succés que La Belle.
L'argument de Casse-Noisette est tiré d'un conte fantastique de E.T.A. Hoffmann (1816) : dans l'esprit romantique, l'histoire y passe insensiblement de l'univers bourgeois à un monde fantastique. Le ballet s'appuie sur l'adaptation de Dumas père, allégée de ses digressions et atténuée du climat fantastique. Préparatifs de la fête de Noël chez Silberbaum : on décore le sapin. Les invités arrivent, les enfants se retrouvent entre eux. L'étrange Drosselmeyer offre à Clara, sa filleule, un casse-noisette. Tous les autres enfants en sont jaloux, et Fritz, le frère de Clara, s'empare du jouet et le casse. La fête s'achève, Clara peine à s'endormir et pense à son jouet cassé. Mais le rêve de Clara va prendre l'allure d'une libération douloureuse. Minuit, les rats envahissent la pièce et s'en prennent aux jouets. A la tête des soldats de plomb, Casse-Noisette résiste, triomphe et se transforme en prince. Il emmène alors Clara dans la forêt, au milieu des flocons de neige... s'ensuivent des danses, des divertissements, des variations et pas de deux avec le prince qui se succèdent dans un décor sobre et somptueux. Au réveil, Clara ne sait pas trop si elle a rêvé. La chorégraphie de Noureev souligne la libido féminine de l'héroïne.... faisant glisser le conte de Noël vers un scénario initiatique.
Pour incarner ce conte, les interprètes doivent à la fois posséder des allures de fée et des muscles d’acier. En ce soir de 11 décembre, il n'en est rien. Nolwenn Daniel semble passer un examen et subir les épreuves techniques, ô combien nombreuses, dans les chorégraphies de Noureev. A aucun instant, elle n'incarne Clara. Et si Christophe Duquenne brille dans les solii, il semble aussi peu à l'aise dans les pas de deux que sa partenaire. Bref, la magie ne prend pas... et le corps de ballet ne fait que de la figuration sans aucune application. Seules Isabelle Ciaravola en flocon illumine quelques minutes la scène de sa présence, tout comme Eve Grinsztajn (danse arabe) qui déploie une danse langoureuse à la gestuelle précise. Alors quel ennui !
On ne peut que regretter la version sucrée et édulcorée présentée par le Mariinski au Châtelet (chor. K. Simonov) où Yevguenia Obraztsova était "Macha" à chaque pas, chaque mesure... un émerveillement qui faisait oublier la mièvrerie du livret. Et la baguette de Valery Gergiev rendait hommage à la partition du compositeur russe, soulignant la collaboration Petipa/Tchaïkovski... unisson inexistant à Bastille.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Pendant que tu voyais CN j'étais devant Paquita J'espère que tu en es sorti plus transporté que moi...laurence

kreul a dit…

Hélàs non... je dois poster mon impression... un sms pour t'informer de cette déception... mais pas d'accusé de réception

Anonyme a dit…

J'ai oublié mon téléphone...pas consulté mes messages ... perdu ma clef...ma carte de transport..que de déceptions mais as tu vu Merle Park dans Clara...laurence

Anonyme a dit…

La chronique est vraiment vivante et sensible le lecteur voit avec tes yeux et son imaginaire reste libre j'aime bien te lire les choses se mettent à leur juste place "super... laurence

Anonyme a dit…

Je lissais vraiment fascinée, j’adore ce ballet -je me réjouis en regardant le calendrier sur foto- la façon dont tu racontes l’histoire est magnifique, on s’y plonge très facilement et j’était jalouse de vous les Français, ici on n’a presque pas l’opportunité de jouir des telles représentations de ballet et alors… quelle déception ! La même que tu dois avoir ressenti, quel dommage ! c’est vrai que si l’interprétation n’est pas bonne, si les danseurs ne s’impliquent pas, tout se gâche, malheureusement des danseurs qui, il me semble, pourrait faire réussir très brillamment cette production sont blessés où pas distribués. En tout cas, bravo pour ta chronique et comme toujours merci beaucoup !
Carolina (Barcelona)

kreul a dit…

Cheers ! :o)
Ce n'est pas mon ballet "favori", il faut bien l'avouer... je suis d'accord avec toi, je ne comprends pas les distrib + les promotions de cette maison. Qd on voit une Ciaravola éblouissante mais distribuée sur un flocon... que penser ? et le rôle de Clara n'est il pas l'occasion de donner une chance à de très jeunes artistes qui s'investiraient vraiment ds le rôle ? une grosse déception, vraiment...