samedi 28 avril 2007

L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato - Opéra Garnier - R. Orlin/G.F. Haendel/W. Christie

J'avoue qu'il m'est difficile de parler de ce spectacle. J'ai assisté à la première et moins de 2 semaines après, quelles sont mes impressions ?
J'ai découvert Robyn Orlin à la Cité Internationale il y a plusieurs années puis j'ai continué à voir son travail au théâtre de la Ville. Je n'ai jamais été un aficionados mais je voulais comprendre désespérement ce qui pouvait expliquer le succés de cette chorégraphe blanche sud-africaine. Pour "F... (untitled)" par exemple, elle déclarait que "la danse ne m'intéresse que parce qu'elle est politique". Ce qui aurait dû me motiver et me permettre d'adhérer à cette démarche. En vain...
Alors pourquoi de cette "ode pastorale", créée à Londres en 1740 et qui s'inspire de deux poêmes de Milton, il ne me reste plus que la beauté de la musique ?
Comme à son habitude, Robyn utilise énormément la vidéo. Quid de cette ode pastorale ? de la danse ? Les danseurs de l'Opéra sont utilisés pour effectuer des gesticulations sur scène, voir quelques performances à l'instar de Yann Bridard (fontaine versaillaise) ou de Nicolas Leriche (à la fois drag queen irrésistible et Louis XIV royal). Ces mêmes danseurs sont filmés en direct sur scène, puis projetés sur des montages vidéo ce qui les situe en d'autres lieux et/ou d'autres temps. Est-ce une interrogation sur la portée du geste ? L'utilisation de la vidéo complète la mise en scène chez Montalvo-Hervieu. Chez Orlin, la vidéo est utilisée pour anéantir le geste.
Et puis il y a cette cascade d'images complaisantes qui ont (encore) pour seul conséquence de faire oublier les danseurs sur scène : les yeux restent prisonniers des images qui montrent la tragédie du tsunami, des Twin Towers, des cris de souffrance de cet homme noir immigré et déraciné... ou cette lionne qui attaque et tue cette gazelle, scène interminable toujours sur la musique de Haendel qui reste déconnectée de la violence des images projetées. Pourquoi ? Est-ce pour rappeler que le lien commun entre le spectacle vivant (pour autant que la vidéo puisse être classée sous ce label) et la musique est "la durée" ? Cunningham et Cage l'ont démontré de façon bien plus convaincante et en rendant à la danse ses lettres de noblesse.
N'étant pas mélomane, je ne peux pas évaluer la prestation des choristes (parsemés parmi les spectateurs assis aux fauteuils d'orchestre) et sopranos, mais j'ai souvent fermer les yeux pour écouter et apprécier Haendel, plutôt qu'essayer de digérer ce "Big Mac" culturel qui nous a été offert au sein du palais Garnier.
Bref, pour moi la danse ne sort pas grandie de ce type de travail. Et je reste toujours avec mes questions quant à la démarche de Robyn Orlin. D'ailleurs si la chorégraphe s'attache à parler de "danse politique" pourquoi s'est-elle tellement ennuyée en tant que spectatrice à "Nine fingers" présenté aux Abbesses ?

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