vendredi 27 avril 2007

Nine Finger, aux Abbesses/théatre de la Ville









Ce "projet" pour reprendre le terme utilisé dans le programme du spectacle, est interprété par Fumiyo Ikeda, danseuse mythique et fétiche de Rosas et Benjamin Verdonck et orchestré par Alain Platel. Ce même programme prévient au travers des mots de JM Adolphe que le spectateur va être dérangé, qu'il va s'en prendre plein la vue... il est vrai que si pendant mes années étudiantes je rafolais de ce type de spectacle, je suis plus réticent lorsqu'on jette à la face du spectateur ces colères, angoisses et haine...
Ce projet a pour origine le Darfour, ou plutôt souhaite parler du génocide qui se déroule au Darfour. J'ai envie d'écrire dans l'indifférence la plus totale... mais tout le monde sait que les massacres au Darfour sont perpétrés dans l'indifférence la plus totale, les médias le rabâchent à longueur d'interviews.
Plus précisément, c'est à partir de "Beats No Nation", d'Uzidinma Iweala, roman coup de poing a en croire JM Adolphe, que nos protagonistes ont souhaité délivrer leur message. A travers le témoignage d'un enfant soldat. Et là, les mots ont une force, une puissance terrifiantes. Les extraits lus sur scène blessent, indisposent. A ces mots simples, imagés mais terrifiants et utilisés pour décrire l'indescriptible, répond la gestulle de Fumiyo. Pour moi, tout l'intérêt du spectacle est là. Mais ce mot, spectacle, n'est-il pas incongru ? est ce pour cela que le trio parle de "projet" ?
Hélàs, le projet pêche par l'utilisation de procédés mille fois utilisés : le micro pour amplifier les bruits ou supposer des effets insoutenables, les singeries "too much" de Verdonck donnent une limite à cette démarche. Pourquoi ne pas avoir utilisé les mots et la gestuelle qui relèvent tout le grotesque et la violence vécue par ce gamin... qui ne cesse de s'interroger sur le "FUTUR". Le talent de Fumiyo était apte à soulever cet enjeu. Dommage que Platel ce soit laissé aller à cette utilisation facile de procédés sans grand intérêt.
De bout en bout, comme pour rendre la situation encore plus insoutenable, la pièce est traversée par le champ des oiseaux, soulignant l'insoutenable violence de ce drame.

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