Un Lac des cygnes à ciel ouvert... temps capricieux, scène glissante, chute de danseurs... même l'étoile Daria Klimentova n'a pas échappée à ces glissades, mais la maîtrise de son jeu, la beauté de ses gestes n'ont rien laissé paraître. Elle s'est pleinement investie dans ce rôle d'Odile-Odette. Fine, fragile, volatile même, elle campe une Odette somptueuse et réussit, malgré la distance entre la scène et les gradins (sans compter les aléas météorologiques déjà cités qui venaient perturber cette prestation), à imposer son désespoir d'être cette femme cygne amoureuse de Siegfried. 
Ce fut pour moi une révélation. Le jeu de Daria est exemplaire, sa technique infaillible, ses lignes d'une pureté immaculée. On ne pouvait espérer meilleure prestation dans de telles conditions. Son Odile m'a semblé moins convaincante. Les répliques d'une Tamara Rojo par exemple sonnaient plus fortes pour marquer la malice du personnage. Mais peut être est-ce le plateau glissant qui a empêché Daria d'exprimer totalement son jeu et d'imposer son personnage ? Je ne lui en tiendrai pas rigueur tellement sa gestuelle respecte l'art de la danse. Le corps de ballet fait des merveilles dans les actes blancs, et la nuit tombée, reflets du bassin aidant, ces danseuses paraissent aussi fragiles que leurs ombres. Siegfried (Friedmann Vogel) semble plus en retrait : il se limite à présenter une belle danse. Il est vrai que dans la chorégraphie de Derek Deane, le rôle du Prince est moins torturé et moins dansé que dans la chorégraphie de Noureev. D'où cette sensation d'une présence moins forte. J'attendais plus de musicalité de la part des garçons de la compagnie. Une mention spéciale à Addela Ramirez et Yat Sen Chang qui ont interprété une virtuose danse napolitaine, à un rythme endiablé. Malgré l'humidité et le froid qui s'installait autour du bassin de Neptune.
Coup de chapeau enfin à la compagnie pour avoir présenté une prestation d'un aussi bon niveau dans des conditions aussi médiocres.



































