vendredi 30 mars 2007

"Du malheur d'avoir de l'esprit" -A. Griboiedov/JL Benoit



"Après un voyage de 3 ans à travers le monde, Alexandre Tchatski (P. Torreton), un jeune homme caustique et "plein d'esprit", porteur de généreuses idées de réforme, revient à Moscou, chez Famoussov (R. Bertin), un notable corrompu, dont la fille unique, Sofia, est demeurée son garnd amour. Mais alors que Famoussov voudrait lui faire épouser le colonnel Skalozoub, un militaire riche et stupide, Sofia est amoureuse de Moltchaline, le veule secrétaire de son père. Tchatski refuse d'y croire et finit par blesser celle qu'il aime. Une soirée réunit une assemblée d'invités tous plus monstrueux les uns que les autres, et Sofia fait courir le bruit que Tchatski est fou. Le jeune homme voit chacun se détourner de lui. La nuit, sans savoir que Tchatski est témoin de la scène, Sofia surprend Moltchaline faisant sa cour à sa suivante, Liza. La pièce finit par un quiproquo général : Famoussov prend Tchatski pour l'amant de Sofia et le chasse, tandis que Sofia et Liza sont envoyées au fin fond de la Russie, et Moltchaline, qui a réussi à s'éclipser dans la cohue, échappe à toute poursuite" (programme du Théâtre National de Chaillot).
Cette pièce est datée certes, mais c'est une époque qui m'intéresse : cette aristocratie russe au début de la décadence. Je m'attendais à une pièce plus sociétale, à la façon d'un Tchekhov. Je voyais Tchatski comme un "révolutionnaire" un novateur ou encore un "encyclopédiste" bousculant les idées et a priori de cette classe dominante parasitaire.
Or, l'interprétation qu'en donne Torreton est celle d'un amoureux transi qui, déçu, jette à la face des siens, sa haine et son arrogance. J'imagine Tchatski venant "sauver" Sofia de cette médiocrité intellectuelle dans laquelle elle baigne non seulement par amour mais surtout parce que porteur d'idées libérales. Par conséquent je reste frusté face à l'interprétation d'un Torreton qui ne fait pas jaillir la complexité du personnage, reflet d'une société qui s'interroge. A l'opposé Bertin incarne ce monde de parasite à merveille, il est fabuleux.
Si les décors très sobres permettent de mettre en valeur le jeu des comédiens, je ne comprends pas pourquoi les seconds rôles ne cessent de courir tout au long de la pièce... pour donner une vitalité au texte ? mais cette vitalité est dans les mots de la pièce de Griboïedov, seulement elle semble décapitée par le jeu du comédien Torreton.

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