lundi 23 juillet 2007

Don Quichotte, chor. A. Alonso, par le Ballet National de Cuba

Habitué aux décors et costumes luxuriants des productions de Noureev pour l'opéra de Paris et en particulier pour son Don Quichotte, ceux présentés par le ballet de Cuba sont surranés et un brin ridicule. Et sous la splendide voûte du Grand Palais, le contraste est saisissant.
Mais sur scène, ce sont les danseurs du ballet national de Cuba. En quelques sauts et entre-chats, ils font comprendre aux spectateurs que l'art de la danse est premier. Alors... quel bonheur que ce Don Quichotte dansé par cette compagnie : quelle verve, quelle châleur !
Kitri (Hayna Gutierrez) a choisi son Basilio et ne s'en laisse pas compter par son père. Rien n'y personne ne pourra s'y opposer. Des sissones aux équilibres impressionnants, Kitri-Hayna sait jouer de la musique, de ses charmes pour convaincre, se faire aimer ou se refuser. Seul le déséquilibre à la fin des fouettés du troisème acte est venu perturber cette prestation de très haut niveau. Mais le public parisien, en ce soir de 22 juillet n'en a pas tenu rigueur à la belle Hayna. Quelle bonheur ! Quel sourire ! Je dois avouer que c'est la première fois que je ressens une différence entre un grand jeté exécuté pour marquer un abandon à l'autre, lui prouver son amour et un grand jeté inscrit dans la chorégraphie comme un point final à une situation. Tous les gestes sont étudiés. Rien n'est laissé au hasard. Impressionant.
Et cet investissement n'était pas vain car pour séduire le beau et (très) jeune Basilio (Eliar Bourzac), il fallait du panache. Le jeune barbier batifolle, oubliant sa Belle qui se rappelle prestement à lui. Et alors, pour lui montrer son amour et sa joie de vivre, il exécute des sauts qui n'en finissent pas de monter... alors bien sûr les décalages avec la bande son sont inévitables. Mais qu'importe, ces deux là s'aiment et communiquent leur amour de la danse et de la vie à la salle toute entière. Les portées à la russe sont exécutées sans faillir, avec une aisance époustouflante. Du jamais vu lors des représentations à Bastille cette saison. Dans cette communion avec le public, la technique de la danse est dépassée pour créer une atmosphère bien paticulière et qui semble renaître à chacune des représentations du BNC donnée sous la verrière du Grand Palais.
Certes, le suicide de Basilio-Eliar est (trop) vite exécuté et pour qui ne connaît pas l'histoire, la situation peut paraître grotesque. Mais il faut une maturité certaine pour faire rire ou sourire sur ce comique de situation. Et puis qui a vu Emmanuel Thibault à Bastille, mémorable dans cette scène en particulier, peut rester perplexe face à l'interprétation qu'en a donné le jeune cubain. Certes le rôle de semi-caractère qu'est celui de Don Quichotte rend le héros du ballet complexe et peu attachant. Certes, le second acte, plus lyrique, peut laisser le spectateur sur sa faim. La Kitri d'Hayna Gutierrez est si impulsive, si puissante qu'il lui est difficile d'incarner une dulcinée spectrale qui envoûterait Don Quichotte...
Mais le miracle pourtant se crée : la communication entre les membres du ballet se traduit par une communion avec la salle toute entière. Je me dois de noter l'excellente prestation de Sadaise Arencibia qui campe une reine des Dryades majestueuse. Le corps de ballet reste impressionnant de précision et de rigueur, tout en s'amusant des blagues des uns et des autres. Elisabeth Platel et Manuel Legris (danseurs étoiles de l'opéra de Paris) étaient présents dans la salle ce dimanche soir.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis chaque fois plus enchantée d’avoir eu l’immense chance te t’avoir connu.

Comme je me régale de te lire! Je ne sais pas si finalement j’aurais l’opportunité de voir cette compagnie en Espagne. Il était annoncé qu’ils seraient à Granollers, tout près de chez moi en automne mais j’ai lu que sa visite en Espagne risque d’être annulée, dommage, car il y a longtemps que je ne les ai pas vu et à l’époque je n’étais pas si misse dans le monde ballet et des tas de détails m’échappaient. Je crois que je n’aimais pas tellement la compagnie, bien que j'y puisse voir de la grande danse, à cause du kitch de la présentation.

Maintenant j’ai vraiment envie de les revoir.

Merci beaucoup, ça me fait un grand plaisir de visiter ton blog et d’y trouver du nouveau.

Et j’attends ton lac sur le lac, je vais être très attentive à la météo pour Paris.

Carolina