samedi 21 juillet 2007

La Giselle de Yolanda Correa - Ballet National de Cuba

J'assistais donc en ce vendredi 20 juillet à ma deuxième représentation de Giselle par le BNC, avec dans le rôle titre Yolanda Correa.
Dès son apparition, Yolanda marque la scène de sa présence, de sa jeunesse : elle est cette jeune paysanne, réservée et désireuse de vivre cet amour qui s'offre à elle et qu'elle découvre. Elle vit ses instants de bonheur comme si elle se savait marquée par le destin. Tout dans la gestuelle de Yolanda traduit cet état d'esprit. Ces petits manèges sont exécutés avec une extraordinaire précision tout en communiquant le désir de danser, d'être aimée. La trahison ne peut être que plus brutale, violente. Un mur d'incompréhension se dresse face à la jeune héroïne : elle s'accroche à ses souvenirs pour ensuite les refouler, les évacuer. Ces instants de bonheur ne sont plus que tragédie. Les frissons m'ont parcouru le corps tellement le jeu de Yolanda est exact. La salle n'arrêtait pas d'applaudir ce moment rare d'émotion. Il est dommage que son Albrecht ne lui ait pas donné la réplique. Le manque de charisme de Javier Torres explique que cet Albrecht là semble bien pâle.
Toujours dans le Ier acte, si le corps de ballet montre son plaisir d'être sur scène, il m'a semblé un peu plus brouillon que mardi soir... peut être la fatigue liée aux représentations successives.


Dès le second acte, Myrtha (Yanela Pinera) traverse la scène avec des piétinés qui la rendent lunaire et inaccessible. Et la Willis-Giselle de Yolanda est une vraie pureté. Elle ne saute pas, elle semble s'élever... sa giration semble provoquée par un courant d'air... elle est évanescente. Cette précision technique et cette aisance à exécuter les difficultés s'opposent à la gestuelle des willis, à leurs poignées flexes. Dans cet acte blanc, le corps de ballet est extraordainaire, les lignes sont purs, irréprochables. Une beauté.
Seuls les pas de deux semblent moins "irréels", Albrecht semblant peiner lors des portées. Ce même Albrecht qui décidément a beaucoup de difficultés à s'imposer face à cette willis spectrale et à côté d'un Hilarion (Michelangelo Blanco) pleinement investi dans son rôle.

J'ai vu ce soir une Giselle sublimale... Yolanda marquera l'histoire du ballet avec ce rôle lorsqu'elle aura un partenaire à la hauteur de son talent.
Mais je ne dois pas gâcher mon plaisir : cette Giselle là, venue de la Havane, ne peut pas s'oublier... Le public parisien lui a réservé une standing ovation.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Et voilà, la seconde experience n'a pas echouée. Bons conseils ceux de notre ami Gabriel qui est vraiment un connaisseur, je crois franchement qu'il n'y en a pas de mieux :-)

Quelle chance d'avoir vecu cette experiénce!

Et démain, ou c'est aujourd'hui? ce sera le tour de DQ qui semble être le ballet étoile de la compagnie.

Nous attendons la cronique complète ici, et resumée, bien sur à cause de la langue, là.

Un plaisir, comme toujours.

Carolina (May)

kreul a dit…

Et comme tu sais, ce commentaire reflète ce que j'ai pu ressentir... un grand moment de danse !
Hélas jusqu'à présent, je n'ai pas pu croiser de danseurs du BNC... peut être demain à l'occasion des "portes ouvertes" (répétitions publiques) avant le DQ... bien sûr je raconterai quel que soit l'émotion ressentie.
Bien que ma préférence en matière chorégraphique aille à Giselle... et toi ?

Anonyme a dit…

Moi aussi, mais on aime ce qu'on connait et je n'ai pas eu la chance de voir un DQ complét live. Seul celui de Victor Ullate il y a déjà beaucoup d'années et celui de David Campos (très différent à la version classique, seul le pas de deux y est respecté).

Giselle pourtant je l'ai vu beaucoup de fois par diverses compagnies, je la connait bien et je l'aime beaucoup et de toute façon, c'est un ballet très emouvant, rien à voir avec l'humeur et la gaieté de DQ.

Alors, oui, je prefére d'abord Giselle :-)

Carolina (May)