samedi 4 août 2007

Le ballet national de Cuba enflamme le Grand Palais avec Don Quichotte

Pour clôre sa tournée parisienne, le ballet national de Cuba affichait Don Quichotte.
Les précédentes représentations auxquelles j'ai assisté m'ont enchanté, aussi que pouvais-je attendre de plus de Kitri & Basilio, interprétés respectivement par Anette Delgado - Joel Carreno (le 2 août) et Viengsay Valdès et Romel Frometa (le 3 août) ? Disons le tout de suite : les deux représentations ont été un pur régal, un instant de bonheur...

Viengsay est lovée du public pour ce rôle... tout le monde attend "la Valdès" en Kitri. Le public parisien n'a pas été déçu : dès son entrée en scène, elle va s'affirmer comme une femme rebelle, aguicheuse et qui joue de sa beauté pour faire succomber Basilio. Mais aussi le public... Enfin ! on n'est plus seulement à voir de la très belle danse mais également une vraie comédienne. Et le public en redemande ! Il est là le succès de cette danseuse dans ce rôle. La Kitri d'Anette m'a semblé techniquement plus convaincante, exception faite des fameux fouettés du IIIè acte ou Viengsay fait des merveilles. Mais les sissones, les pirouettes exécutées par Anette sont plus surprenantes : d'ailleurs Joël Carreno "lâche" sa partenaire pour la mettre encore plus en valeur ce qui permet de constater qu'Anette est dotée d'une technique quasi infaillible. Lors du deuxième acte, lorsque Don Quichotte rêve de Dulcinée, les déboulés sont beaucoup plus expéditifs et donc quasi imperceptibles chez Anette alors que Viengsay ralentit à la fin de sa diagonale. Vous l'avez compris : ce sont des critiques pour des critiques. Les deux danseuses sont surprenantes, le corps de ballet vit cet épisode au rythme de ces étoiles... à la différence que Viengsay entraîne le public dans son jeu ! Et cette différence d'aborder le rôle se retrouve chez les garçons. Le Basilio de Joël Carreno est beaucoup plus crédible et comique (en particulier la scène du poignard) que celui de Romel Frometa. Si Joel incarne plus son personnage c'est aussi au dépend de la danse où, m'a t-il semblé, elle est plus brouillone que celle de Romel qui démontre combien cette compagnie maîtrise la technique classique. Mais Joël retrouve toute sa superbe au IIIè acte avec une danse plus impressionnante et précise. Romel n'a pas démérité bien au contraire, mais face à une Kitri aussi pétillante, il paraît un peu en retrait. Les soli du troisième acte lui permettent cependant de montrer toute la hauteur de son talent.
Je me dois de signaler l'Espalda de Taras Domitro (le 2 août dernier) : après son Basilio, il a encore fait preuve d'une technique éblouissante. Je ne sais pas quel danseur à l'Opéra de Paris pourrait rivaliser de présence scénique, de technique infaillible et de joie de danser aussi intenses... une perle rare. D'ailleurs, lors de la dernière représentation, Taras incarnait un toreador. Bien que "restant" dans son rôle, il éclipsait hélàs ses partenaires et l'Espalda de Miguelangel Blanco. La souplesse de Taras est surprenante, pas un saut, pas un jeté ne sont exécutés sans le maximun de puissance et de précision. Une Guillem versus masculin...
Tous les seconds rôles sont surprenants : Mercedès, Cupidon, la reine des Dryades... ces deux derniers rôles me semble-t-il ont été interprétés à chaque représentation auxquelles j'ai assisté par les mêmes danseuses qui ont exécutées les morceaux de bravoure avec aisance et sans jamais fléchir. Félicitations !

La dernière représentation s'est achevée par une standing ovation... adressée aux étoiles, aux solistes et au corps de ballet et bien évidemment à Alicia Alonso, venue saluer. Les rappels n'en finissaient pas. J'ai regretté que les solistes et étoiles qui m'ont transporté au cours des précédentes représentations n'aient pas été sur scène pour recevoir ces remerciements ô combien mérité.
Des étés de la danse d'une très grande qualité. Rendez-vous a été donné l'année prochaine, Valéry Colin précisant que le Grand Palais accueillerait cette manifestation en 2008 mais sans dévoiler le nom de la compagnie invitée. Des murmures faisaient entendre que le ballet du Canada succèderait à celui de Cuba. Lourde tâche !


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