mercredi 1 août 2007

Yolanda Correa & Taras Domitro, solistes du ballet national de Cuba

S'il est deux noms à retenir suite à cette tournée du ballet national de Cuba, ce sont bien ces deux là. Bien que très jeunes, ils incarnent la rigueur et le style de l'école cubaine.
Yolanda Correa, danseuse qui a démontré tout son romantisme lors de sa Giselle ne semblait pas "taillée" pour incarner Kitri, cette bonne femme de caractère, qui ne fléchit devant rien et impose ses quatre volontés. D'autant que nombre de ses collègues au sein du BNC répondent physiquement plus à l'image idéale de Kitri. Ce serait nier le talent artistique de Yolanda. Elle se refuse à incarner un personnage à caractère qui ne serait sien et reste elle-même.
Sa Kitri est une jeune fille qui croque la vie à pleine dent, amoureuse et qui n'hésitera à taper des pointes ou effectuer de majestueux sauts, témoignage de son amour pour Basilio ou affirmation de son caractère décidé. Et de se donner à quelques pitreries pour ridiculiser des prétendants qu'elle ne désire pas, avec la complicité de ses amis villageois. Yolanda effectue des sissones irréprochables techniquement, les équilibres seront assurés, les grands jetés superbes... sa Kitri est une jeune femme moderne qui déploiera tous ses charmes pour conquérir le barbier du village. Le romantisme de Yolanda lui permet d'incarner une dulcinée crédible, troublante, qui séduira Don Quichotte... pour la bonne cause des amoureux ! Seuls les fameux fouettés du IIIème acte ont, sur la fin, été moins vivaces. Mais qu'importe ! son aura sur scène est incontestable et ses talents de comédienne s'expriment aisément au travers d'une technique assurée. Elle vit son personnage.
Cette énergie et ce talent étaient indispensables pour conquérir le coeur du très jeune Basilio. Agé de 21ans, Taras Domitro campe un Basilio peut être un peu trop noble, compte tenu de la condition sociale de son personnage, mais à la danse irréprochable. Qui a vu Carlos Acosta retrouve en Taras la hauteur des sauts, la pureté des lignes, la précision des pirouettes. Impressionant. Et le public parisien, en ce soir de 31 juillet a pris conscience qu'Alicia Alonso avait aligné là une des perles de la compagnie. Certes, Taras est physiquement très fin mais son physique et son jeu répondent mot pour mot à la Kitri de Yolanda Correa. D'ailleurs les portées à une main ont été aisément effectués. Ce que ni Matvienko ni Thibault ont réussi à Bastille...
Dans cette ambiance, le corps de ballet s'est totalement investi dans la chorégraphie qui le magnifie : les garçons ont exécuté des sauts puissants, précis. Et les demoiselles ont su être joueuses, coquines et séduisantes. Et ont fait preuve d'une technique et d'une rigueur qui font rougir d'envie plus d'un corps de ballet.
C'est la première représentation à laquelle j'assiste où les spectateurs, pour faire entendre leur bonheur et remercier les artistes, tapent des pieds tout en applaudissant.

Je tiens à remercier plus particulièrement pour cette soirée "magique" qui s'achèvera tard dans la nuit, Lynda et Gabriel. Ce fut un plaisir de faire votre connaissance. Mil gracias !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne doute pas que ça a été magique, comme j'aurais aimée d'être là!!! Merci pour ce compte-rendu ci précis :-)

Moi par contre je suis très habitué au tapement des pieds. On le fait souvent en Espagne, surtout aux féstivals d'éte!

Carolina (May)