dimanche 1 juin 2008

Train, de Pete Dexter

Il s'appelle Lionel Walk, mais tout le monde le connaît sous le nom de Train. Il a dix-huit ans, il est Noir et travaille comme caddie dans un club huppé de Los Angeles. Le gamin a du talent pour le golf, s'exerce en cachette à la nuit tombée, jusqu'au jour où Miller Packard, un ancien flic plutôt flambeur, le remarque. Mais, dans les années 1950, les jeunes Noirs ne sont bons qu'à tenir les sacs des Blancs. Le racisme est partout, chez les patrons comme chez les flics et, lorsqu'il y a une enquête sur un meurtre perpétré par deux collègues de Train, c'est toute la communauté noire qui est soupçonnée...
Avec "Train", Pete Dexter stigmatise la violence, le racisme, la peur de l'autre et le silence des faibles. Il prend ses lecteurs pour des proies, tel un auteur un peu vicieux, terrifiant de lucidité. Dexter décrit deux histoires parallèles dans un souffle. D'un côté, la fragilité de Train, sa jeunesse un peu naïve, et son désir de bien faire qui l'entraîne chaque fois dans le mur, par maladresse, malchance, destinée. De l'autre, la tension de Packard: violent et glacé lorsqu'on se met sur son chemin, il est aussi capable d'amour et de générosité. Ces deux hommes n'ont rien en commun, se parlent peu, se comprennent mal. L'un ne rêve que de calme, souhaite qu'on l'oublie un peu, lui et sa peau noire, dans cet univers qu'il traverse aussi discrètement que possible. L'autre ne se fait aucune illusion sur le monde, capable de tuer un homme comme de baiser une femme, juste parce que la nature est ainsi faite.
Composé avec une écriture sans états d'âme, un goût pour la description précise des lieux, des visages et des attitudes, ce roman noir sait éviter la psychologie à deux sous.

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