dimanche 12 août 2007

Spartacus - Carlos ACOSTA - guest du Bolshoi - London Coliseum

C'est dans le décor pompeux du Coliseum qu'était présenté par le Bolshoï, en ce soir du 8 août, la chorégraphie de Yuri Grigorovitch. Ballet en 3 actes et 16 tableaux, datant d'avril 1968, époque où le centralisme planificateur soviétique battait son plein... Et la musique de Aram Khachaturian, aux redondances militaires, nous rappelle cette "culture socialiste à visage humain"...
Le ballet raconte l'histoire de Spartacus: de la capture des gladiateurs par Crassus (Alexander Volchkov), du désespoir de Spartacus d'être soumis à l'esclavage et d'être séparée de sa bien-aimée Phrygia (Anna Antonicheva), de sa fierté et de son insoumission qui le conduiront à se soulever, soutenu par les siens, à marcher sur Rome... jusqu'à la victoire. Seulement l'erreur de Spartacus, trop humain, est, lors de son duel avec Crassus, d'infliger une humiliation au tyran... sa seule raison d'exister sera la vengeance qu'il utilisera avec l'aide de la perfide Aegina (Ekaterina Shipulina). Spartacus, abandonné des siens, mourra en digne gladiateur.
Carlos Acosta est Spartacus : musculeux, puissant, son physique répond au rôle qu'il défend. Et avec quelle force ! quel investissement ! quelle finesse même ! car chez Acosta, aucune réplique n'est vaine, il est bouillonant d'ardeur, de mépris face à la tyrannie et épris d'amour pour sa bien-aimée soumise à l'esclavage et aux brimades de Crassus. Au delà de la danse qui se doit d'être puissante, le rôle de Spartacus est un rôle que je qualifierai de composition, qui demande de vrais dons d'acteurs à la fois en raison de la thématique dansée mais également pour éviter que le spectateur sombre dans l'ennui. Carlos Acosta est fulgurant de précision technique, il rugit face à l'oppresion, se love face à Phrygia : aucune facette de son personnage n'est trop ou pas assez étudiée. Il est juste. Un Spartacus sublimé. Quelle présence ! La technique n'est pas là pour impressionner : elle est utilisée pour exprimer le ressenti de Spartacus/Acosta. Un danseur au sommet de son art. Carlos Acosta contredit les propos qu'aurait tenu Noureev : le corps de ballet est l'écrin d'une compagnie, sans lui une étoile ne peut briller. Acosta, en ce soir du 8 août, a prouvé le contraire. Alors, effectivement, pour qui n'a pas lu le livret le déroulement de l'histoire peut paraître complexe et ambigü tellement ses partenaires sont effacés et leur rôle imprécis. A commencer par sa bien-aimée : A. Antonicheva se glisse dès le début dans la peau d'une persécutée. Son choix aurait pu être crédible si sa danse était à la hauteur de son personange : le coup de pied malheureux, la jambe de terre qui n'est pas toujours tendue, l'étoile russe dansait-elle avec une blessure ? Il ne suffit pas de jouer avec son patos pour donner l'impression d'être une grande comédienne. Difficile dans ces conditions de comprendre qu'un gladiateur puisse s'insurger et mette sa vie en jeu pour un être aussi pâlot. Face à Spartacus, celui qui entretient l'oppression et la haine doit proposer une danse convaincante, qui doit traduire la puissance et le règne. Hélàs, A. Volchkov ne semble pas arriver à déjouer les lois de l'apensateur : certes il se plait à lui-même, révélant ainsi le côté narcissaque du tyran, mais sa gestuelle "lourde" ne soulève pas l'enthousiasme. Spartacus/Crassus ou le duel entre l'école cubaine et l'école russe (du Bolchoï) ? Seule Ekaterina Shipulina incarne une garce crédible prête à tout pour séduire Crassus, goûter au pouvoir et s'adonner à la luxure. Apprécier du public londonien au cours de cette représentation, elle a trouvé le ton juste et fait preuve d'une belle danse pour incarner son personnage.
Bref, vous l'avez compris : le corps de ballet ne m'a pas convaincu... bien évidemment, les traversées du plateau au pas de l'oie ne le valorisait pas. Pourtant, la compagnie russe me laissait un souvenir de rigueur dans les déplacements, de synchronisation rarement égalée par une autre compagnie. Les déplacements ont souvent été brouillons, manquaient de conviction... à se demander si les centurions étaient composés de figurants...
Trente minutes d'ovations ont clos ce Spartacus... Acosta prouve une fois encore qu'il est le danseur incontournable de ce début de siècle. Qu'il est simplement fabuleux.

(photos issues du programme "Bolshoï Ballet 2007)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Difficile de comprendre qu'un gladiateur puisse s'insurger et mette sa vie en jeu pour un être aussi palot."

Ja, ja!!! oui? elle était si palot?

En tout cas fantastique révue. Je croyais que tu avais même pu faire des photos et je ne comprenais pas car il me samblait au'au Colliseum, pas de photos, en aucun moment. Après, j'ai compris, scaner du programme!

kreul a dit…

Oui vraiment triste partenaire... une Zakharova aurait été plus étonnante je pense
J'ai fait des photos au moment des saluts : au début les hôtesses ont commencé par traquer les flashs, mais le succès a été tel, les spectateurs s'approchant de la scène... pour photographier qu'elles ont renoncé. Bien que très bien placé (3è rang au centre), mes photos ne sont pas belles et pas à l'avantage de Carlos, alors....
Merci pour tes encouragements.
Besos