samedi 15 mars 2008

Juste la fin du monde / Lagarce / Raskine

Louis revient dans sa famille, un dimanche, après une longue absence entrecoupée de "petites lettres elliptiques" griffonnées au dos de cartes postales. Il revient parce qu'il va mourir "plus tard, l'année d'après", et qu'il veut prendre congé des siens et leur parler. Mais la communication est difficile voire impossible, minée par les rancoeurs et les non-dits accumulés.
Aux monologues de Louis répondent des échanges brefs et percutants entre les autres membres de la famille. Mais chacun d'eux s'adresse à Louis par une longue tirade : il écoute, esquive, cherche à se frayer un chemin à travers les mots pour livrer en vain son secret. La phrase lagarcienne n'en finit pas, s'échappe, gambade et s'écorche sur les mots "justes" ou la grammaire, rendant plus douloureuse la parole des personnages, accentuant leur détresse face à eux mêmes et face à ce qu'ils veulent exprimer.
Les cinq acteurs jouent devant le rideau de scène, sur un plateau qui mange les premiers rangs des sièges de la salle Richelieu, entrainant le public dans l'intimité des personnages. Si certains procédés de la mise en scène sont critiquables (comme ce bruit de déclenchement d'appareil photo invitant les acteurs à prendre la pose entre les scènes), le jeu des acteurs est bouleversant d'authenticité.

Salle Richelieu. Avec Pierre-Louis Calixte, Elsa Lepoivre, Catherine Ferran, Laurent Stocker, Julie Sicard.

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